L’opposant « historique » a rendu l’âme le 12 juin des suites d’une longue maladie, a annoncé Joshua Osih, son premier vice-président dans un communiqué.
John Fru Ndi, est mort. Le président national du Social democratic front (Sdf), le parti politique créé le 26 mai 1990, a rendu l’âme le 12 juin des suites d’une longue maladie. Son décès tombe tel un couperet survenu autour de 23h 30 à Yaoundé, renseigne un communiqué du premier vice-président du Sdf, Josuah Osih, rendu public quelques minutes plus tard. Le député de la nation précise dans cette sortie rédigée en anglais et en français que « Le programme des obsèques sera communiqué dès qu’il sera établi ». Le décès de Ni John Fru Ndi à l’âge de 82 ans survient quelques jours seulement après son retour au pays après un séjour à l’étranger.
Etat de santé chancelant
D’après des sources proches du défunt,John Fru Ndi, s’était rendu en Suisse pour des raisons de santé, ce qui l’a empêché de présider la dernière session du comité exécutif national (Nec) du parti le 3 juin dernier en prélude au congrès du parti prévu le mois prochain. L’homme politique n’a donc pas gagné le combat contre la maladie qui le rongeait depuis plusieurs années, ayant justifié ses nombreux voyages hors du pays, pour recevoir des soins de santé appropriés. Son absence prolongée comme celle aux Etats-Unis quelques années plus tôt, ont fait jaser en externe, en intensifiant en interne des batailles de positionnement entre les militants du parti de la balance.
Parti sans pouvoir diriger le Cameroun
Le natif de Baba II dans la région du Nord-Ouest, s’en va pour l’éternité sans avoir réalisé son objectif de diriger le pays, comme il avait souhaité depuis bientôt trois décennies .John Fru Ndi, s’est porté candidat à trois reprises à l’élection présidentielle pour challenger le président de la République, Paul Biya. Notamment, celles de 1992, 2004 et 2011. À l’issue de celle de 1992, John Fru Ndi avait été classé deuxième derrière Paul Biya, avec 35,97%. Des résultats qu’il avait à cette époque contesté, en se déclarant vainqueur. En 2004,le leader de l’opposition occupe le même avec 17,40% de suffrages valablement exprimés en sa faveur. Tandis qu’en 2011, reste à la deuxième place avec 10, 71% derrière Paul Biya, élu avec 77,99%.
Crise anglophone
De son vivant, John Fru Ndi a aussi vécu à sa manière les affres de la crise anglophone qui sévit dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest depuis 2016. S’il s’était proposé comme médiateur de cette crise sociopolitique, sans que ne lui soit accordé, John Fru Ndi, a par contre été victime de deux enlèvements. Le premier est intervenu le 27 avril 2019, alors qu’il se rendait à Kumbo, dans le Nord-Ouest, aux funérailles de Joseph Banadzem, de regrettée mémoire, ancien président du groupe parlementaire Sdf à l’Assemblée nationale, avant d’être libéré le même jour. Le deuxième enlèvement, beaucoup plus violent, survient le 28 juin de la même année à Bamenda. Ce jour-là, des hommes armés ont fait irruption dans sa maison et l’ont conduit vers une destination inconnue, avant d’être libéré plus tard.
Sdf : La fin ?
La disparition de John Fru Ndi, leader charismatique, est donc un coup dur à la fois pour la grande famille politique du Cameroun, et le Sdf secoué en interne par des batailles de positionnement, malgré la célébration de son 33e anniversaire. Le chairman s’en est allé sans pouvoir dire au revoir à ses militants et sympathisants qui attendaient encore beaucoup de lui, malgré sa volonté de passer la main. Après avoir ouvert sa succession peu avant la dernière élection présidentielle du 7 octobre 2018, l’homme politique devait désormais tourner la page. Mais, la transition n’est pas arrivée à son terme. Bien plus, le choix des hommes n’a toujours pas fait l’unanimité depuis la dernière élection présidentielle. La situation va aller de mal en pis, avec l’exclusion de 34 cadres des rangs du parti, à l’issue du Nec du 25 janvier dernier. Si John Fru Ndi, avait promis de remettre de l’ordre dans la maison Sdf, ses décisions étaient très remises en cause par certains militants. Son décès doit-il être perçu comme la fin du parti ou alors la fin des batailles internes ? Affaire à suivre.
R.I