Entre janvier et juin 2025, 10 355 Camerounais ont obtenu le statut de résident permanent au Canada, d’après Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) et Ecomatin.net. Ce chiffre remarquable propulse le Cameroun au 4ᵉ rang mondial des pays pourvoyeurs de migrants vers le Canada, et au 1er rang africain, devant le Nigeria et l’Érythrée. Cette performance confirme le poids croissant de la diaspora camerounaise dans la politique d’immigration canadienne, notamment dans les régions francophones.
+32 % de progression en un an
Le flux migratoire camerounais connaît une accélération notable : en un an seulement, le nombre de nouveaux résidents permanents est passé de 7 845 en 2024 à 10 355 en 2025, soit une progression de 32 %. Cette hausse n’est pas un phénomène isolé, mais s’inscrit dans une dynamique de long terme. Depuis les années 2000, le Canada attire un nombre croissant de Camerounais grâce à son système universitaire de qualité, ses perspectives économiques, et une politique migratoire de plus en plus favorable aux candidats francophones.
4ᵉ rang mondial, 1er en Afrique
Le Cameroun se distingue désormais comme le premier pays africain fournisseur de migrants permanents au Canada, surpassant le Nigeria, pourtant réputé pour sa forte présence dans la diaspora canadienne. Ce classement traduit à la fois la forte mobilité internationale des Camerounais, et le fait que le Canada constitue aujourd’hui l’un des principaux pôles d’attraction pour les jeunes diplômés et professionnels qualifiés du continent. Le Cameroun consolide ainsi sa place dans le concert des pays dont la diaspora est stratégique, tant en volume qu’en qualité des profils admis.

Trois leviers politiques d’Ottawa
Cette progression spectaculaire s’explique par des choix stratégiques opérés par le gouvernement canadien. Premièrement, les parcours francophones hors Québec offrent aux candidats de langue française un accès facilité, afin de soutenir les communautés minoritaires francophones. Deuxièmement, les programmes d’immigration économique, comme Entrée Express et les programmes provinciaux, favorisent les profils qualifiés. Enfin, le recrutement dans les métiers spécialisés et les soins de santé constitue un moteur important, dans un contexte de vieillissement de la population canadienne et de pénurie de main-d’œuvre dans ces secteurs clés. Ces politiques convergent pour ouvrir de nouvelles opportunités aux Camerounais, qui figurent parmi les francophones les plus actifs sur ces créneaux.
Très peu de Camerounais concernés par le Québec
Il est important de noter que ces chiffres ne concernent pas le Québec, qui gère son propre système de sélection des immigrants. Les 10 355 Camerounais recensés se sont donc installés dans d’autres provinces comme l’Ontario, le Manitoba, le Nouveau-Brunswick ou la Colombie-Britannique. Cette réalité souligne l’importance de l’ancrage hors Québec des francophones d’Afrique, une tendance qui diversifie la présence de la diaspora et qui illustre la volonté fédérale de renforcer le bilinguisme à l’échelle du pays.
Un double impact pour les deux pays
Cette dynamique migratoire a des implications contrastées. Pour le Cameroun, le départ massif de professionnels qualifiés alimente la crainte d’une véritable fuite des cerveaux, particulièrement dans la santé, l’éducation et les nouvelles technologies. Cependant, elle ouvre aussi des perspectives positives : la diaspora camerounaise contribue de manière croissante aux transferts financiers, qui représentent une source importante de devises et un soutien pour de nombreuses familles. Pour le Canada, ces arrivées permettent de répondre aux besoins urgents de main-d’œuvre et de renforcer les communautés francophones, ce qui constitue un atout pour son équilibre démographique et linguistique.
Plus de 20 ans de croissance continue
La migration camerounaise vers le Canada n’est pas une nouveauté. Depuis plus de deux décennies, elle connaît une trajectoire ascendante. Ce phénomène est alimenté par l’attractivité académique des universités canadiennes, par des programmes migratoires souples et incitatifs, mais aussi par les affinités culturelles liées à l’appartenance commune à la Francophonie. Aujourd’hui, ce mouvement atteint un seuil inédit, confirmant que le Canada s’impose comme la destination privilégiée des Camerounais en quête de nouvelles opportunités professionnelles, académiques et sociales.
l’augmentation des admissions de Camerounais au Canada en 2025 illustre un double enjeu stratégique : pour le Cameroun, il s’agit de transformer l’exode de compétences en atout économique via la diaspora ; pour le Canada, l’objectif est de consolider une immigration francophone dynamique, capable de répondre aux défis démographiques et économiques du pays.
LN




