Des populations de ce quartier situé dans le cinquième arrondissement de la ville, se sont massées sur le trottoir ce lundi matin pour protester contre un supposé déguerpissement.
C’est un début de semaine peu ordinaire à Bonabo, un quartier de la ville de Douala situé dans le cinquième arrondissement. Ce lundi, 3 avril, des populations de ce quartier qui relie Bonamoussadi à Deido se sont regroupées au petit matin sur le trottoir, pour protester contre un déguerpissement. Tout serait parti d’une rumeur annonçant des casses dans cette localité mercredi, 5 avril. C’est sans doute pour anticiper que les riverains munis de pancartes pour certains, ont crié leur mal être. « Il n’y a jamais de fumée sans feu », croit savoir un habitant de ce quartier, avant de poursuivre : « On est agité parce qu’on n’en a marre. C’est la troisième fois. Il y a des gens qui ont quarante ans, cinquante ans, soixante ans dans le quartier. Nous sommes nés là ».
La sortie massive et la détresse des populations ont réussi à attirer l’attention non seulement des usagers et automobilistes de passage à cet endroit, mais aussi celle du sous-préfet de Douala 5e. Informé de la situation, Anuafor Cletus Asongwe, qu’accompagnaient des éléments de forces de maintien de l’ordre, est venu calmer les riverains. L’autorité administrative était déjà sur les lieux la semaine dernière, après une grogne similaire des populations sur le même sujet. « Les populations doivent savoir que le fait de venir bloquer la route chaque fois ne nous aide pas dans le travail. La dernière fois j’étais ici. Je les ai sensibilisés et j’ai cru qu’elles ont compris. J’étais surpris que ce matin elles sortent. Je leur ai demandé qu’à chaque fois qu’elles ont un problème, mes bureaux sont ouverts pour les écouter », rappelle le chef de terre. « C’est un problème de justice et tout ce que nous pouvons faire c’est d’accompagner la justice, pour rendre ses décisions exécutoires», poursuit l’autorité administrative.
D’après des indiscrétions, le site querellé aurait été acquis par des particuliers qui disent détenir des titres fonciers. « Sur l’endroit où nous nous trouvons, il y a un titre foncier. On me dit qu’il y a l’ancien titre qui date de 1975 certes. Mais, c’était Douala 3e dans ce que je sais. Je suis surpris que des gens aient pris les coordonnées à Douala 1er pour venir déposer à Douala 5e tout en mettant la justice dans l’erreur. C’est ça le véritable problème parce que ce titre foncier n’a jamais existé. C’est un titre foncier fabriqué », dément un riverain. Le passage du sous-préfet vers 8h du matin, fait reculer la foule. Mais, plusieurs riverains visiblement pas rassurés montent la garde plus d’une heure après, sous le regard bienveillant des forces du maintien de l’ordre.
A en croire les populations, l’espace à « raser » s’étend à perte de vue. Plus de quatre-cent maisons y sont construites. Apprend-on. « On doit casser jusqu’à l’eau », explique un riverain. Dans ce quartier, la rumeur d’un déguerpissement donne des insomnies aux habitants.