Les plaies de l’histoire coloniale et néocoloniale continuent de saigner. À Douala, la chaîne panafricaine Afrique Média a dévoilé en avant-première le documentaire « Réparations : la dette coloniale » du réalisateur sénégalais Ibrahima Sow. Un film-choc qui rappelle avec brutalité l’ampleur des crimes commis par l’Europe contre l’Afrique : traite négrière, pillage, massacres, décapitation des nationalistes, imposition du franc CFA et exploitation sans fin des richesses du continent.
L’histoire d’un continent martyrisé
En trente minutes, le documentaire concentre des siècles d’oppression :
Plus de 35 millions d’Africains déportés de force vers les Amériques, et près de 350 millions de morts engloutis par l’horreur de la traite.
Le partage de l’Afrique par les esclavagistes européens, au mépris des peuples et des cultures.
L’engagement contraint des Africains dans la libération de la France, à partir de Douala, sans reconnaissance ni justice.
L’assassinat systématique des leaders indépendantistes qui rêvaient d’une Afrique libre.
La mise sous tutelle économique par le franc CFA, véritable chaîne moderne autour du cou des nations africaines.
Le film ne se contente pas d’évoquer le passé : il démontre que la domination perdure, sous d’autres formes, et qu’il est temps pour l’Afrique de dire « assez ! »
Un cri pour les réparations
La projection a rassemblé des héritiers nationalistes et panafricanistes décidés à poursuivre la lutte. Pour Yamb Timba, figure de l’UPC et candidat recalé à la présidentielle camerounaise de 2025 :« L’Afrique doit reprendre la parole et écrire son histoire. C’est à cette condition qu’elle pourra réclamer des réparations. Nos cultures ont été détruites, nos forces productives bloquées, et nos frères ont construit l’industrialisation de l’Occident. »Un constat partagé par Hilaire Ngoualeu Hamekoue, journaliste et militant de l’UPC, qui dénonce l’injustice historique : « L’Afrique a été pillée et humiliée. Elle a même libéré ses bourreaux lors de la Seconde Guerre mondiale, sans jamais recevoir ce qu’on lui avait promis. La vraie libération commencera par notre détermination, par la reconquête de notre spiritualité et par une éducation décolonisée. »

Un outil de résistance culturelle
« Réparations : la dette coloniale » n’est pas seulement un film : c’est une arme. Une arme pour briser l’omerta, réveiller les consciences et rappeler à l’Occident qu’il a une dette impayée envers l’Afrique. Pour les panafricanistes présents, il s’agit d’un jalon décisif dans le combat pour une Afrique souveraine et digne, capable d’exiger justice et réparations pour des siècles de spoliation.
LN




