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Mbondjo : GAGGA évalue son impact auprès des femmes rurales

Depuis plus de dix ans, les femmes du village de Mbonjo, dans la région du Littoral, mènent un combat acharné pour défendre leurs terres et leur dignité. Face aux agro-industries qui accaparent leurs espaces ancestraux, elles trouvent dans le programme GAGGA (Global Alliance for Green and Gender Action) un allié précieux.

Mardi 2 septembre 2025, une délégation de quinze organisations partenaires du projet a visité le village afin d’évaluer les impacts concrets de cette initiative, dans le cadre d’un atelier de trois jours organisé à Douala avec des acteurs venus du Cameroun, de la République centrafricaine et de la République démocratique du Congo.

Créée pour soutenir les luttes féminines et environnementales, GAGGA est une alliance internationale menée par le Fondo Centroamericano de Mujeres, en partenariat avec Mama Cash et le Global Greengrants Fund (GGF). L’objectif est double : financer les organisations de base et renforcer les capacités des femmes dans leur combat contre les injustices liées à l’exploitation des terres. Au Cameroun, plusieurs localités comme Bonalea, Dibombari, Fiko et Mbonjo bénéficient de ce programme face aux géants de l’agro-industrie que sont Socapalm, la CDC et la PHP.

Sur le terrain, les femmes ont lancé des activités génératrices de revenus, créé des jardins communautaires et organisé des campagnes de sensibilisation contre les plantations contractuelles. Mais les défis demeurent. « Nous n’avons plus de terres pour cultiver », déplore Emmanuel Elong, président national de Synaparcam, partenaire de GAGGA qui défend les intérêts des communautés. Selon lui, les femmes subissent régulièrement des agressions lorsqu’elles tentent d’accéder aux rares espaces encore cultivables.

Des voix comme celle d’Enerstine Victor, de l’Association Dynamique de Misaka, rappellent aussi l’impact du climat. « Quand les inondations détruisent nos champs, nous n’avons plus rien. Nous demandons de l’aide », insiste-t-elle.

Pour Samuel Nnah Ndobe, coordinateur du Global Greengrants Fund en Afrique centrale, la mission de GAGGA est claire : lier droits des femmes et justice environnementale. « Quand la terre disparaît, les femmes perdent leur capacité à nourrir leurs familles. Cela entraîne faim, conflits, violences domestiques et violences basées sur le genre », explique-t-il, tout en saluant les avancées réalisées, notamment la création de marchés paysans et le retour à l’utilisation de semences traditionnelles, plus résilientes face au changement climatique.

Lors de la rencontre, Dr Aminata Niang, représentante de GAGGA, a encouragé les femmes de Mbonjo à poursuivre leur mobilisation collective : « Si deux personnes font mieux qu’une, alors continuons ensemble cette dynamique. » Elle a salué la bonne utilisation des financements, citant le marché paysan comme une réussite emblématique.

Si beaucoup reste à accomplir, le programme GAGGA a permis aux femmes de Mbonjo et d’ailleurs de transformer la douleur en action, en créant des espaces de solidarité et en affirmant leur voix face aux puissantes multinationales. Le combat pour la terre et la justice continue, mais ces femmes montrent déjà que l’avenir peut être écrit autrement, à partir des villages et de leurs luttes.

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