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Embouteillages à Douala : Célestin Tawamba charge Nganou Djoumessi

Célestin Tawamba hausse le ton. Dans une correspondance au vitriol datée du 15 septembre, le président du Groupement des entreprises du Cameroun (Gecam) accuse frontalement le ministre des Travaux publics, Emmanuel Nganou Djoumessi, d’être responsable du chaos routier qui étrangle Douala.

Dix heures pour cinq kilomètres

Samedi dernier, sur l’axe Bekoko–pont du Wouri, des milliers d’usagers ont vécu l’enfer : jusqu’à dix heures pour parcourir à peine cinq kilomètres. Le patron du Gecam décrit un spectacle digne « des populations civiles fuyant les massacres du génocide rwandais ». Voitures immobilisées des heures durant, familles contraintes d’abandonner leurs véhicules, piétons errant sous la pluie ou la chaleur : une scène dantesque au cœur de la capitale économique.

Une désorganisation chronique

Pour Célestin Tawamba, ce chaos n’est pas un accident mais le fruit d’une « désorganisation persistante » et d’un manque flagrant d’anticipation. Il s’interroge : « Comment comprendre que des travaux d’une telle envergure soient menés sans gestion des flux, sans encadrement des services de régulation, surtout en période de forte affluence ? » Selon lui, pointer du doigt uniquement l’incivisme des conducteurs est une fuite de responsabilité. Après trois ou quatre heures d’immobilisation, dit-il, « l’instinct de survie prend parfois le pas sur la discipline ».

Des impacts économiques et sociaux alarmants

Le patron du Gecam alerte sur les conséquences directes de cette situation :paralysie temporaire des activités économiques dans une zone vitale ;hausse des coûts logistiques et de transport, avec répercussions sur les prix à la consommation ;détresse sociale, avec des usagers obligés de marcher des heures dans des conditions indignes ;risque réel de désengagement des investisseurs, peu enclins à subir de telles contraintes.

« L’atteinte à la liberté d’aller et venir constitue un puissant facteur de frustration populaire », avertit Tawamba, soulignant que lorsque cette entrave devient quotidienne et brutale, elle alimente la colère et la tentation du désordre.

Un appel à une gouvernance de crise

Sans contester la nécessité des travaux, le président du Gecam appelle à une gouvernance de crise immédiate autour de ces chantiers. Il demande au ministre des Travaux publics de mobiliser l’ensemble des acteurs compétents afin d’assurer la fluidité et la sécurité de la circulation, condition sine qua non pour préserver la paix sociale et la stabilité économique du Littoral.

Ce cri d’alarme du patronat s’inscrit dans une préoccupation de longue date : l’état catastrophique des routes au Cameroun, qui mine la compétitivité des entreprises et compromet leur survie. Plus qu’une simple question d’infrastructures, le dossier des routes apparaît désormais comme un enjeu national de stabilité et de gouvernance.

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