Le coup est rude. Jeune Afrique a récemment qualifié l’opposition camerounaise de « la plus bête d’Afrique ». Un qualificatif qui choque, qui dérange, mais que Me Akere Muna, candidat à la présidentielle d’octobre prochain, a choisi de brandir comme un signal d’alarme. « Cet article n’est pas une insulte ; c’est un miroir », écrit l’avocat sur son compte X. Pour lui, cette vérité, aussi brutale soit-elle, met à nu le drame politique d’un pays où, quarante-trois ans durant, un seul homme, Paul Biya, règne sans partage, tandis que ses opposants s’entre-déchirent.
Onze candidats — onze ! — se lancent dans la course, chacun rêvant d’un destin solitaire, alors qu’en face, un président de 92 ans, quasi absent de la scène publique, observe à distance. Résultat : la corruption prospère, le népotisme s’ancre, les détournements de fonds se multiplient, et le peuple reste prisonnier d’un système verrouillé.
Me Akere Muna, lui, ne mâche pas ses mots : les Camerounais « pleurent le changement », ils «supplient » pour une opposition capable de s’unir enfin. L’heure n’est plus aux débats stériles ni aux ambitions individuelles, martèle-t-il. La vraie question est désormais : les leaders de l’opposition sont-ils assez courageux, assez altruistes, assez intelligents pour former une seule coalition, ou au minimum s’accorder sur un candidat consensuel ?
En reprenant à son compte la gifle de Jeune Afrique, Me Akere Muna force ses pairs à se regarder en face. Le Cameroun joue son avenir : soit l’opposition continue de s’éparpiller et confirme son triste surnom, soit elle saisit cette élection pour écrire enfin une page nouvelle.




